vendredi 8 août 2008

Une production décevante

Le tournage d'Ivul s’est terminé hier. Ce soir c’est la fête de fin de tournage, organisée par un ami du réalisateur, qui lui aussi vit en Ariège depuis une vingtaine d’années. Nous serons perchés tout en haut du montagne, il y a dix kilomètres d’une toute petite route raide et sinueuse pour accéder à la propriété. Sur la montagne d’en face se dresse le château de Montségur, un vestige cathare.
Je suis content de renter à Bordeaux demain, après ces six semaines d'itinérance à travers les Pyrénées.

Mercredi soir en amenant la coproductrice suisse du film à l’aéroport, le malaise que je ressens depuis quelques temps a trouvé des réponses.
Depuis le début les producteurs ont mis en avant la singularité du projet sur lequel ils nous engageaient. Effectivement le scénario est très beau, poétique, étrange. Le réalisateur est souvent à la limite du documentaire et de l’expérimentation. Il ne donne que très peu d'indications de jeu aux acteurs, mise sur un rapport très intime qu’il a établi avec eux, sur la liberté qu’il leur donne. Ça donne des choses qui ne sont pas toujours lisibles.
Pour toutes ces raisons, le financement du film est extrêmement restreint.
Ainsi l'équipe a accepté des conditions difficiles, parfois limites, parce que le projet était à ce point singulier, sensible, parce que l'enjeu ici c'était de s'engager dans une aventure humaine et participer à la réalisation d'un rêve, un rêve qui prenait enfin réalité.
En observant le comportement de la production envers le réalisateur et l’équipe au fur et à mesure de l’avancement du tournage, et depuis cette conversation avec la coproductrice, j’ai compris cependant que nous avions été complètement floué.
Les producteurs, qui connaissent pourtant parfaitement le cinéma du réalisateur, émettent aujourd’hui des doutes sur son travail. Ils vont lui mettre la pression pendant le montage, pour que le film conserve une narration lisible, pour que le film soit « accessible ». Pour qu’il rapporte de l’argent ?!

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