dimanche 17 février 2008

33 ans



"Pas de misère en France"

Une vidéo envoyée par Sophie Lucas, diffusée notamment sur le site Agoravox TV.

vendredi 15 février 2008

Le printemps

Encore une journée printanière aujourd'hui.
La nouvelle du jour c'est la fin d'un rêve, je ne vais pas acheter la maison. La banque conditionne finalement son accord définitif à une caution solidaire et à une hypothèque, ce que je refuse. J'y reviendrai peut-être. Je peux dors et déjà souligner qu'on est en plein dans la normalisation de la société dont je parlais ici ces derniers jours; je suis intermittent, c'est pas très compréhensible pour une banque comme statut, c'est obscur, ça se rejette. Qu'ils aillent au diable!

Il va falloir que je change le nom de ce blog ("Plus belle l'échoppe"), fait chier.
En attendant, ce sera "Le printemps", un mot qui me parle, un beau tableau par Sandro Botticcelli.

jeudi 14 février 2008

Changement de rythme

Je suis plongé depuis trois jours dans une toute autre réalité, celle, à la fois grisante et quelque peu surréaliste, de mon travail de régisseur sur une série pour TF1. Je parcours la Gironde, pour négocier avec des propriétaires la location de leurs luxueuses maisons, décors que l'on ne verra jamais ou presque à l'image, je parle à tous les prestataires cinéma de la région, "ah ben oui il me faut aussi une loge pour telle comédienne, elle veut la même que tel comédien", "dis-moi, tu sais où je peux trouver des roues en caoutchouc de 50 mm d'épaisseur pour la roulante des machinos?", je vais en Charente pour faire des photos de beaux véhicules de gendarmerie chez un loueur spécialisé, je réserve des hôtels, des restaurants, des voitures, des talkies-walkies, je fais des listes, des plannings, je passe cinq heures par jour au téléphone "ah oui?! il y a 10 personnes qui arrivent demain matin pour une réunion, ben oui bien sûr je vais m'en occuper, je vais trouver des chauffeurs, des chambres, un bureau, un système de projection, ya pas de problème".
Le cinéma c'est formidable.
Et le Crédit Agricole qui finalement hésite à m'accorder un crédit, "vous comprenez, notre direction refuse de prendre en compte vos indemnités d'intermittent pour le calcul de vos revenus, mais ne vous inquiétez pas monsieur, je suis sur votre dossier depuis ce matin, je monte au créneau".
Et à l'instant ces chers picotements urticants qui déroulent leur offensive, juste avant le coucher!
Ah oui, c'est la Saint Valentin.

Quelques échos du Grand Meeting à la Mutualité

Par Geneviève Cloutour-Monribot

Pour manifester leur combat face à la dictature des nombres et de l’évaluation quantitative, environ mille personnes se sont retrouvées à la Mutualité les 9 et 10 février. Les nombreuses interventions sont venues soutenir des positions fortes face à l’idéologie de l’évaluation et à la normalisation généralisée que nous promet le cognitivisme.

L’éradication de l’enseignement de la psychologie clinique et de la psychanalyse dans les universités, la mise au pas de la recherche au service de l’économie et de la société, la clinique de la prédiction génétique, la loi de présomption de dangerosité, votée le 4 février, les nouveaux calculs pour obtenir le partenaire idéal, autant de faits dont les mécanismes ont été mis au jour, par des abords divers. L’aspect très inquiétant de la nouvelle forme de civilisation qu’apporte le cognitivisme y apparaît clairement. Dans chacun de ces domaines, le chiffre, les statistiques diverses, les enquêtes de satisfaction, sont là pour calculer l’incalculable, éradiquer l’inattendu, écraser le vivant, tuer le sujet. Retenons alors, de l’intervention de Jean-Claude Milner, combien la figure imaginaire d’une science idéale voudrait rendre l’étrange, la souffrance et le complexe aussi simple et facile qu’un réflexe pavlovien.

Le succès de ce meeting montre bien notre détermination à combattre ce qui fait à la fois le système et l’idéologie de l’évaluation, prometteurs d’un monde lisse où le meilleur sera le pire.

"Les Imposteurs"



lundi 11 février 2008

L'irréductibilité du sujet contre l'évaluation

Il s’est tenu ce week end à Paris, à la Maison de la Mutualité, un grand meeting contre l’évaluation, et pour que vive la psychanalyse. A l’initiative de Jacques-Alain Miller, figure de proue de la psychanalyse lacanienne, des personnalités de tous horizons se sont succédées à la tribune: des philosophes (Jean-Claude Milner, BHL, Yves-Charles Zarka), des chercheurs, des universitaires, des sociologues, des médecins, des psychanalystes, un avocat, des écrivains (Philippe Solers), ainsi que Robert Hue et Christophe Deltombe, le nouveau président d’Emmaüs. Tous étaient réunis, devant un public impressionnant, pour dénoncer quelque chose de notre société actuelle qui doucement s’immisce dans tous les domaines du savoir, dans les discours et l’action politique, quelque chose qui menace les êtres humains, les sujets que nous sommes, il s’agit donc de l’évaluation.

L’évaluation, pour reprendre les mots des orateurs du meeting, c’est d’abord un système qui, basé sur la culture de la performance et du résultat, utilise le chiffrage à outrance. L’évaluation c’est aussi une idéologie, un ordre politico-moral qui, sous prétexte de prévention, de sécurité et de transparence, verrouille l’émergence de la différence, du singulier, pour aboutir à un lissage, à une normalisation de la société et des sujets qui la composent.

Après ce meeting, il m’est indispensable de rendre compte et de prendre part au combat contre l’évaluation, dont je me sens proche parce qu’il va bien au-delà de la défense de la psychanalyse. Ce n’est pas une affaire de chapelle. Robert Hue a parlé de l’émancipation de l’homme comme point commun entre lui et la psychanalyse, et a insisté sur le caractère éminemment politique du combat contre la remise en cause de cette émancipation.
C’est aussi une bataille sur laquelle je me sens en prise grâce à mon propre parcours dans la psychanalyse, un parcours qui a abouti, je l’ai déjà évoqué sur ce blog, au surgissement de l’autre et du sujet.

Pour en dire un peu plus, je peux aussi revenir sur le contexte politique dans lequel s’inscrit le Forum, un contexte sur lequel la plupart des orateurs sont revenus.
Au niveau de la politique, il y a cette idée, «ubuesque» selon BHL, de l’évaluation des ministres. Il y a la folie des sondages, qui franchit encore un nouveau pallier ; le politique, disait le sociologue Vincent de Goléjac, n’est plus un visionnaire mais se calque sur le résultat des sondages, il suit le public, s’y adapte. Il y a aussi cette missive de Brice Hortefeux aux préfets leur demandant de faire du chiffre au niveau des expulsions. Il y encore la poursuite au pénal d’un journaliste par un président de la république ; au pénal, ça veut dire que le journaliste risque la prison. C’est une première. Cela résonne également avec un propos du psychanalyste Eric Laurent sur la "peopleisation", dans le sens où ce processus est un isolement de quelques uns face à la massification de tous les autres. Sarkozy "peopleisé", victime donc de sa propre politique, chercherait finalement à s’en défaire ?
Au niveau de la justice on observe aussi des évolutions alarmantes : loi Dati sur les peines prolongées en fonction de la présomption de dangerosité, lois diverses sur la délation imposée aux avocats, notaires ou banquiers lorsque la provenance de fonds est douteuse, loi sur le témoin anonyme, etc…
A l’école, à l’université, et dans le domaine de la recherche, les attaques évaluationnistes sont tout aussi nombreuses. Isabelle This, professeur d’économie et membre du collectif «Sauvons la recherche», indiquait à quel point l’enseignement supérieur prend un caractère utilitaire. On dit qu’il s’agit de professionnaliser, mais on fait de l’enseignement supérieur, de la recherche et de la science, des domaines au service de la société et de l’économie, et non plus au service de l’homme et de la connaissance. Les étudiants deviennent des usagers, des clients.
Pour résumer, plusieurs intervenants ont souligné un véritable glissement idéologique, notamment depuis l’élection de Sarkozy. Si l’on pense aussi au fichage généralisé (vidéo-surveillance, repérages des téléphones portables, données ineffaçables sur Internet), on obtient, disait l’avocat Charrière-Bournazel, une transparence qui s’apparente à une oblitération. Bernard-Henri Lévy parlait lui d’une séquence de civilisation étrange et inquiétante.

Face à tout cela, le meeting a mis en lumière des idées, des clefs, pour combattre l’évaluation, pour réhumaniser la société, pour résister à l’explication universelle.
Le premier élément c’est d’analyser un peu plus le système de l’évaluation, et les évaluateurs eux-mêmes.
Je citerai l’exemple de «l’Impact Factor», mentionné par un professeur de Rennes, Alain Abelhauser. Il racontait comment a été évalué un article paru dans une revue scientifique ; il n’y a pas eu de réunion d’un groupe de personnes compétentes pour critiquer l’article en question, il y a eu appel à «l’impact factor», c’est à dire mesure du nombre de fois que l’article est référencé, dans d’autres revues ou par d’autres chercheurs par exemple. Ce qui est bien, c’est ce qui est le mieux référencé. L’évaluation ce n’est pas la critique, c’est l’indexation.
Jean-Claude Milner, avec finesse et pertinence, a aussi démontré à quel point on ne peut opposer de discours ou de critique face au chiffrage et à la statistique. On ne peut faire aucune opération face à des chiffres. «Les chiffres sont les chiffres». Milner a comparé cette science du chiffre, «science idéale», aux sciences occultes. La façon d’obtenir les chiffres est opaque, et cette science ressemble aux sciences occultes en raison des ornements dont elle se pare, à savoir ici une littérature grise (profusion de chiffres et jargon administratif ennuyeux). L’évaluation se protège donc elle-même de la critique.
Les autres clefs pour résister, c’est de réaffirmer, nous disait BHL, quelques idées simples. L’âme n’a pas de siège, de localisation. Le corps n’est pas une mécanique (BHL a cité Diderot; le corps est plutôt comme un clavecin, avec une belle musique, mais avec des fausses notes aussi). Le sujet, c’est ce coup de dé entre l’âme et le corps.
En bref, l’humain ce n’est pas une machine bien huilée, ce n’est pas quantifiable, ce n’est pas prévisible, ce n’est donc pas évaluable.
L’humain, le sujet, l’obscur, le confus, l’inattendu, c’est irréductible.

vendredi 8 février 2008

Souvenirs des Etats-Unis

Je suis à Paris. Je suis venu pour assister au Forum des Psys qui a lieu tout le week-end à la Mutualité (voir l'article que j'ai publié il y a quelques semaines).
Dans le train j'ai regardé sur mon ordinateur des photos de mon voyage aux Etats-Unis. J'en ai retouché quelques unes, les voici. Le contraste et le grandiose de ce qu'on peut observer, en Amérique, me fascine peut-être encore plus aujourd'hui. Ce voyage continue de m'habiter, je pense de plus en plus à une prochaine expérience là bas.

San Francisco


Wyoming


New York


Wyoming


San Francisco


Nebraska

mercredi 6 février 2008

TF1, Crédit Agricole et Atarax

Voici les sauveurs du jour!
TF1 d'abord. La chaîne produit une magnifique série intitulée "Section de recherche", dont le tournage a lieu depuis quelques années à Bordeaux. J'ai eu la chance jusqu'à présent d'éviter ce genre d'expérience. Aujourd'hui, la signature de l'acte définitif pour la maison approchant, les projets étant finalement très rares sur Bordeaux en cette fin d'hiver, voilà que je vais m'occuper de la régie du prochain épisode. Quelques grands moments en perspective!
Crédit Agricole, c'est la banque qui me suit pour l'achat de mon échoppe. J'ai eu un long entretien, et j'en viens maintenant à remercier ma banque actuelle, la BNP, d'avoir rejeté mes demandes. Encore quelques jours avant sa confirmation définitive et le Crédit Agricole pourra en effet dérouler le tapis rouge annoncé hier.
Atarax, c'est un anxiolitique léger prescrit notamment pour l'urticaire. Les réponses à mes attentes de ces dernières semaines viennent de tomber, il était temps, je ne dormais plus depuis quelques jours, sujet à d'intenses démangeaisons nocturnes. Mais l'urticaire ça ne part pas du jour au lendemain, mon généraliste vient donc de me prescrire de l'Atarax. C'est une première. J'espère que cette nuit je ne serai pas à nouveau devant CNN à regarder les derniers résultats des primaires américaines.

Il me semblait important de saluer ces noms salvateurs, ces réjouissances matérielles et éphémères, dont je me satisfait volontiers aujourd'hui. Ces petites choses du monde moderne dans lequel j'évolue ne me comblent pas pour autant; un moyen de progresser vers d'autres perspectives, vers d'autres désirs, qui restent encore à définir.

Une tornade à Clinton

Il est bientôt 2 heures du mat, je regarde CNN, les résultats des primaires pour les Etats de l'est sont imminents. C'est l'effervescence sur le gigantesque plateau de CNN, sur le site de NPR (National Public Radio) et aussi sur le site du Monde.
Un petit flash vient à l'instant d'interrompre le programme de CNN, un homme devant une carte météo du pays annonce qu'une violente tornade vient d'avoir lieu sur Memphis dans le Tennessee, et sur Clinton, une ville de l'Arkansas! Ça ne s'invente pas! Les cieux seraient-ils du côté d'Obama?! Le suspens est à son comble!

lundi 4 février 2008

"Yes We Can" vs "The Can Do Spirit"

Nous sommes à 48 heures des premiers résultats du "Super Tuesday" aux Etats-Unis. Mardi les électeurs de nombreux Etats, dont les plus gros, devront se prononcer à leur tour pour désigner leur candidat à la présidentielle, au cours d'une journée déterminante dans le processus des primaires. Du côté républicain il semble que ce soit joué, John Mc Cain, 71 ans, devrait l'emporter. Du côté démocrate, tout est ouvert. Un détail: selon les derniers sondages, seul Barack Obama l'emporterait contre Mc Cain aux élections finales, en novembre.
Le slogan d'Obama "Yes we can" fut, dit-il dans ses discours, le crédo des abolitionnistes, celui des pionniers de l'Ouest, celui d'un autre président qui choisit la lune comme frontière, etc...
Dans un débat télévisé, dont je viens de voir des extraits, il est récemment revenu sur ce slogan. "Ne sous-estimez pas le pouvoir des mots. Les mots inspirent fortement les américains, ils les aident à s'engager..." En France on commence à rire, sinon à pleurer, du "Tout est possible" de Sarkozy, aux Etats-Unis le "Yes we can" de Barack Obama a je crois une portée considérable, au moment où l'Amérique se dirige peut-être vers le déclin tant annoncé. A vérifier mardi dans la nuit!
Une interview de Barack Obama diffusée sur Canal + est visible ici.


vendredi 1 février 2008