mercredi 22 avril 2009

L'Autre et le Photographe

Extraits de "La chambre claire" de Roland Barthes:
Je voudrais en somme que mon image, mobile, cahotée entre mille photos changeantes, au gré des situations, des âges, coïncide toujours avec mon "moi"; mais c'est le contraire qu'il faut dire: c'est "moi" qui ne coïncide jamais avec mon image; car c'est l'image qui est lourde, immobile, entêtée, et c'est "moi" qui suis léger, divisé, dispersé (...)
Se voir soi-même (autrement que dans un miroir): à l'échelle de l'Histoire, cet acte est récent (...). Il est curieux qu'on ait pas pensé au trouble (de civilisation) que cet acte apporte. Je voudrais une Histoire des Regards. Car la Photographie, c'est l'avènement de moi-même comme autre: une distorsion retorse de la conscience d'
identité.
(...) à chaque fois que je me fais photographier, je suis immanquablement frôlé par une sensation d'inauthencité, parfois d'imposture. Imaginairement, la Photographie représente ce moment très subtil où, à vrai dire, je ne suis ni un sujet ni un objet, mais plutôt un sujet qui se sent devenir objet: je vis alors une micro-expérience de la mort (...)

Ces quelques phrases résonnent avec de larges pans de mon histoire. Cette idée que la Photographie, ou l'image, transforme le sujet en objet est fondamentale, et peut marquer le rapport à l'Autre, quand celui-ci est une réflexion de soi.
Aujourd'hui, entamer une démarche vers la photographie c'est un peu inverser les rôles et rétablir la présence du sujet. La position de celui qui photographie n'a rien à voir avec celle de celui qui est photographié, ou regardé, ni avec celle de celui qui se regarde. Je redeviens en effet un sujet, et non plus un objet, et de même je peux regarder l'Autre pour ce qu'il est, un sujet lui aussi.

Je viens d'acheter un nouvel objectif pour mon réflex, une focale fixe (50mm), avec une ouverture maximale du diaph très importante (1,4). De quoi, entres autres, continuer à explorer les questions soulevées ici.
Avec une focale fixe, et contrairement aux zooms que je possède actuellement, ce n'est plus mon objectif qui fait le déplacement vers mon sujet, mais mon propre mouvement. Avec une grande ouverture du diaph, je peux jouer encore plus sur la profondeur de champs, en l'occurence sur la possibilité d'isoler mieux encore, avec le point, le sujet.

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