mercredi 18 novembre 2009
La fin
Fin de ce blog. J'ai quitté Bordeaux et l'aventure continue ailleurs, à New York, où je m'installe doucement depuis quelques jours. J'ai ouvert un nouveau blog, Pictures of a City.
vendredi 30 octobre 2009
Watersedge
Le groupe de mon frère, la semaine dernière. En concert demain soir à l'Annexe, cours de la Martinique à Bordeaux.
lundi 26 octobre 2009
dimanche 11 octobre 2009
Evento, une journée d'inaugurations
Vendredi c’était l'inauguration à Bordeaux d'Evento, première édition de la biennale d'art contemporain. Sur l'introduction du programme Alain Juppé souhaitait "que cet évènement culturel irrigue les territoires, les cœurs et les esprits, contribuant à rendre Bordeaux encore plus attractive et plus aimable à tous".
Le réveil sonne à 6 heures. Je télécharge sur Internet une nouvelle version du film de Dennis Adams, envoyée dans la nuit par le monteur depuis New York. La veille Dennis est arrivé à Bordeaux, comme beaucoup d’autres artistes de la biennale. Son film est sur un disque dur, mais le fichier ne correspond pas aux moyens de diffusion mis en place par l'équipe d'Evento. La communication entre l'artiste en la production de l'évènement a été pour le moins laborieuse sur cette question, et je découvrirai par ailleurs dans la journée que tous les artistes de la biennale n'ont pas eu le même traitement.
9 heures, je me rend sur le site principal d'Evento, sur les quais, au niveau des Quinconces. Le film de Dennis doit être diffusé dans un container, posé non loin de la scène des concerts et de la grande passerelle de Kawamata, pièce maîtresse du site. Le fichier téléchargé quelques heures plus tôt ne fonctionne pas non plus, nous passons la matinée à trouver d'autres solutions, Dennis à bout de nerfs pense qu'il ferait mieux de rentrer à New York sur le champs. Finalement, à trois heures de la projection presse, c'est un autre artiste, venu de Hong Kong, qui trouve la solution. Tout le monde est rassuré, la fête peut commencer!
Dans l'après-midi je retrouve Dennis et Doug, son galeriste new-yorkais. Nous assistons aux premières entrées du public dans le container. Les visiteurs se font plus nombreux sur le site, ils déambulent à travers les œuvres. L'ambiance sur les quais est inédite. L'art contemporain a drainé un public international qui ne ressemble pas aux touristes habituels, et les bordelais semblent avoir fait le déplacement même si leurs visages expriment une certaine perplexité.
Après un bon Mojito siroté sous le chapiteau principal du site des Quinconces, nous prenons le tram pour nous rendre à la Base Sous-marine, édifice monumental à la périphérie immédiate de la ville, hérité de la deuxième guerre mondiale. Ici c'est une immense exposition consacrée au cinéaste Amos Gitaï; des extraits de ses films sont projetés à l'intérieur de la base, sur les gigantesques murs en béton. C'est un spectacle visuel et sonore extraordinaire.
19 heures, nous revenons en centre-ville avec une navette. Petite pause vin et charcuterie sur la terrasse d'un petit bar sur les quais. La soirée est douce, les new-yorkais sont heureux.
Près du chapiteau c'est ensuite le moment de l'inauguration officielle. Une petite foule s'est amassée devant une estrade, et derrière le pupitre c'est Frédéric Mitterrand qui prend la parole. Le ministre de la culture a donc fait le déplacement. Moins de 24 heures après son intervention sur le journal de TF1, où il s'est expliqué suite à cette polémique lamentable, je suis surpris de le voir et impressionné. Je constate également à quel point la fonction qu'il occupe lui donne une solennité remarquable, l'aura du pouvoir est nettement perceptible. Alain Juppé et Alain Rousset, présents à ses côtés, apparaissent comme relayés au second plan.
Au cours de son discours Mitterrand fait une digression sur le concept d'Intime Collectif, credo de la biennale. Il parle de l'art comme expression de l'intime à l'adresse du collectif, et en cela sujet à toutes les interprétations possibles. Une allusion sans doute aux amalgames qu'il dénonçait la veille.
Le groupe des officiels entame ensuite une déambulation sur le site des Quinconces. Ils viennent devant le container, Juppé y entre et regarde le film, diffusé en continu, pendant quelques secondes, serre la main de Dennis, ils échangent quelques mots. Le cortège s'engage ensuite sur la fameuse passerelle, érigée depuis plusieurs jours déjà, le ruban est coupé, et dans un crépitement de flashs le groupe quitte l'atmosphère feutrée de la biennale pour passer au dessus des voies de circulation et plonger vers la Foire aux Plaisirs, qui a lieu depuis toujours à Bordeaux en cette saison. Là c'est un autre univers, et je me dis que le pari du mariage entre le populaire et l'art contemporain est peut-être réussi; plus tard dans la soirée je reviendrai sur la passerelle éphémère et me dirai que le trait d’union qu’elle symbolise ne durera sans doute que le temps de sa présence au dessus des quais de Bordeaux.
L'évènement suivant est un concert au Grand Théâtre. Je n'y avais pas mis les pieds depuis une visite de classe au lycée. Je suis surpris de la taille, réduite, du "Grand" Théâtre. Je suis à Bordeaux, la salle me le rappelle, tout à coup; ce lieu où les gens assis aux balcons se regardent et regardent ceux qui sont assis plus bas, au parterre. Le concert est une catastrophe. Un mélange de classique, d'électronique et de jazz; l'Orchestre National de Bordeaux joue devant un écran qui diffuse une sorte d'animation graphique sans aucun intérêt; les chanteuses sont habillées de robes années 20 totalement kitch et l'une d'elles s'assoit de temps en temps pour jouer de la scie égoïne; le tout sous la direction d'un chef d'orchestre angolais; aucune unité, aucune harmonie, c'était assez insupportable.
Après cela c'est d'un pas vif que Dennis, Doug et moi nous rendons au Palais Rohan, la mairie a ouvert ses portes pour un cocktail dînatoire. La cour du Palais est superbe, la lumière est tamisée, avec des dominantes rouges, pour rappeler l'affiche d'Evento, qui trône dans l'entrée du bâtiment. Dans les grands salons en enfilades quatre cent personnes sont réunies, le vin et les canapés partent à une vitesse folle. Sur le pas des portes ouvertes sur les jardins à l'arrière, les gens fument près des voitures officielles et des CRS. Je rencontre toutes sortes d'institutionnels avec qui j'ai travaillé ces dernières années sur Bordeaux, quelques amis aussi.
Dennis et Doug rentrent ensuite à l'hôtel, Dennis me donne ses tickets pour l'After Party. Je retrouve mes amis et les y emmène. Ça se passe dans un bar aux Chartrons. Ça parle anglais et allemand dans tous les sens, les hommes portent tous des lunettes design, le champagne coule à flot, mais seules quelques dizaines de personnes en profitent.
Je me suis amusé. En présence de Dennis, ce qui me donnait un peu de distance, j’ai parcouru la ville de long en large, je suis entré dans des lieux que je ne connaissais pas, j’ai revu des visages familiers, en ai découvert de nouveaux.
A quelques semaines de mon départ pour New York, je veux continuer à réfléchir aux passerelles que je pourrais moi-même mettre en place entre le lieu que je quitte et celui que je m’apprête à explorer, que ces lieux fassent partie de la même histoire. Demeurer dans cette idée d’une continuité, d’un mouvement qui met à profit ce qu’il laisse derrière lui.
Vendredi soir cependant cette longue journée inaugurative ressemblait aussi à une tournée d’adieux.
Le réveil sonne à 6 heures. Je télécharge sur Internet une nouvelle version du film de Dennis Adams, envoyée dans la nuit par le monteur depuis New York. La veille Dennis est arrivé à Bordeaux, comme beaucoup d’autres artistes de la biennale. Son film est sur un disque dur, mais le fichier ne correspond pas aux moyens de diffusion mis en place par l'équipe d'Evento. La communication entre l'artiste en la production de l'évènement a été pour le moins laborieuse sur cette question, et je découvrirai par ailleurs dans la journée que tous les artistes de la biennale n'ont pas eu le même traitement.
9 heures, je me rend sur le site principal d'Evento, sur les quais, au niveau des Quinconces. Le film de Dennis doit être diffusé dans un container, posé non loin de la scène des concerts et de la grande passerelle de Kawamata, pièce maîtresse du site. Le fichier téléchargé quelques heures plus tôt ne fonctionne pas non plus, nous passons la matinée à trouver d'autres solutions, Dennis à bout de nerfs pense qu'il ferait mieux de rentrer à New York sur le champs. Finalement, à trois heures de la projection presse, c'est un autre artiste, venu de Hong Kong, qui trouve la solution. Tout le monde est rassuré, la fête peut commencer!
Dans l'après-midi je retrouve Dennis et Doug, son galeriste new-yorkais. Nous assistons aux premières entrées du public dans le container. Les visiteurs se font plus nombreux sur le site, ils déambulent à travers les œuvres. L'ambiance sur les quais est inédite. L'art contemporain a drainé un public international qui ne ressemble pas aux touristes habituels, et les bordelais semblent avoir fait le déplacement même si leurs visages expriment une certaine perplexité.
Après un bon Mojito siroté sous le chapiteau principal du site des Quinconces, nous prenons le tram pour nous rendre à la Base Sous-marine, édifice monumental à la périphérie immédiate de la ville, hérité de la deuxième guerre mondiale. Ici c'est une immense exposition consacrée au cinéaste Amos Gitaï; des extraits de ses films sont projetés à l'intérieur de la base, sur les gigantesques murs en béton. C'est un spectacle visuel et sonore extraordinaire.
19 heures, nous revenons en centre-ville avec une navette. Petite pause vin et charcuterie sur la terrasse d'un petit bar sur les quais. La soirée est douce, les new-yorkais sont heureux.
Près du chapiteau c'est ensuite le moment de l'inauguration officielle. Une petite foule s'est amassée devant une estrade, et derrière le pupitre c'est Frédéric Mitterrand qui prend la parole. Le ministre de la culture a donc fait le déplacement. Moins de 24 heures après son intervention sur le journal de TF1, où il s'est expliqué suite à cette polémique lamentable, je suis surpris de le voir et impressionné. Je constate également à quel point la fonction qu'il occupe lui donne une solennité remarquable, l'aura du pouvoir est nettement perceptible. Alain Juppé et Alain Rousset, présents à ses côtés, apparaissent comme relayés au second plan.
Au cours de son discours Mitterrand fait une digression sur le concept d'Intime Collectif, credo de la biennale. Il parle de l'art comme expression de l'intime à l'adresse du collectif, et en cela sujet à toutes les interprétations possibles. Une allusion sans doute aux amalgames qu'il dénonçait la veille.
Le groupe des officiels entame ensuite une déambulation sur le site des Quinconces. Ils viennent devant le container, Juppé y entre et regarde le film, diffusé en continu, pendant quelques secondes, serre la main de Dennis, ils échangent quelques mots. Le cortège s'engage ensuite sur la fameuse passerelle, érigée depuis plusieurs jours déjà, le ruban est coupé, et dans un crépitement de flashs le groupe quitte l'atmosphère feutrée de la biennale pour passer au dessus des voies de circulation et plonger vers la Foire aux Plaisirs, qui a lieu depuis toujours à Bordeaux en cette saison. Là c'est un autre univers, et je me dis que le pari du mariage entre le populaire et l'art contemporain est peut-être réussi; plus tard dans la soirée je reviendrai sur la passerelle éphémère et me dirai que le trait d’union qu’elle symbolise ne durera sans doute que le temps de sa présence au dessus des quais de Bordeaux.
L'évènement suivant est un concert au Grand Théâtre. Je n'y avais pas mis les pieds depuis une visite de classe au lycée. Je suis surpris de la taille, réduite, du "Grand" Théâtre. Je suis à Bordeaux, la salle me le rappelle, tout à coup; ce lieu où les gens assis aux balcons se regardent et regardent ceux qui sont assis plus bas, au parterre. Le concert est une catastrophe. Un mélange de classique, d'électronique et de jazz; l'Orchestre National de Bordeaux joue devant un écran qui diffuse une sorte d'animation graphique sans aucun intérêt; les chanteuses sont habillées de robes années 20 totalement kitch et l'une d'elles s'assoit de temps en temps pour jouer de la scie égoïne; le tout sous la direction d'un chef d'orchestre angolais; aucune unité, aucune harmonie, c'était assez insupportable.
Après cela c'est d'un pas vif que Dennis, Doug et moi nous rendons au Palais Rohan, la mairie a ouvert ses portes pour un cocktail dînatoire. La cour du Palais est superbe, la lumière est tamisée, avec des dominantes rouges, pour rappeler l'affiche d'Evento, qui trône dans l'entrée du bâtiment. Dans les grands salons en enfilades quatre cent personnes sont réunies, le vin et les canapés partent à une vitesse folle. Sur le pas des portes ouvertes sur les jardins à l'arrière, les gens fument près des voitures officielles et des CRS. Je rencontre toutes sortes d'institutionnels avec qui j'ai travaillé ces dernières années sur Bordeaux, quelques amis aussi.
Dennis et Doug rentrent ensuite à l'hôtel, Dennis me donne ses tickets pour l'After Party. Je retrouve mes amis et les y emmène. Ça se passe dans un bar aux Chartrons. Ça parle anglais et allemand dans tous les sens, les hommes portent tous des lunettes design, le champagne coule à flot, mais seules quelques dizaines de personnes en profitent.
Je me suis amusé. En présence de Dennis, ce qui me donnait un peu de distance, j’ai parcouru la ville de long en large, je suis entré dans des lieux que je ne connaissais pas, j’ai revu des visages familiers, en ai découvert de nouveaux.
A quelques semaines de mon départ pour New York, je veux continuer à réfléchir aux passerelles que je pourrais moi-même mettre en place entre le lieu que je quitte et celui que je m’apprête à explorer, que ces lieux fassent partie de la même histoire. Demeurer dans cette idée d’une continuité, d’un mouvement qui met à profit ce qu’il laisse derrière lui.
Vendredi soir cependant cette longue journée inaugurative ressemblait aussi à une tournée d’adieux.
samedi 10 octobre 2009
samedi 3 octobre 2009
The final countdown
Quatre jours depuis mon retour à Bordeaux. J'ai retrouvé la maison et je profite de l'espace, de la proximité de la nature, du calme. J'ai retrouvé les amis aussi, et Bordeaux, belle et vivante, mais si petite.
Ce que j'ai engagé à New York ne faiblit pas, mon désir d'emprunter cet autre chemin est toujours aussi vif. Le compte à rebours est lancé, je devrais quitter la maison et la France d'ici cinq semaines.
C'est un départ mais ce n'est pas une rupture, plutôt un mouvement, dans une certaine continuité. Je clôturerai cependant ce blog, l'enjeu est bien la fin de l'intermittence. J'en commencerai un autre.
Je viens de mettre en ligne le diaporama d'une sélection de mes photos au cours de ces six semaines à New York. Un panaché, en attendant un projet. Voir le lien ci-contre dans la rubrique "Voyages et tournage".
Ce soir mon frère joue à La Dibiteri; son groupe a maintenant un manager! Ci-dessous un clip réalisé lors de son dernier concert. Le réalisateur ne s'est pas vraiment concentré sur les musiciens mais l'ambiance est là.
Ce que j'ai engagé à New York ne faiblit pas, mon désir d'emprunter cet autre chemin est toujours aussi vif. Le compte à rebours est lancé, je devrais quitter la maison et la France d'ici cinq semaines.
C'est un départ mais ce n'est pas une rupture, plutôt un mouvement, dans une certaine continuité. Je clôturerai cependant ce blog, l'enjeu est bien la fin de l'intermittence. J'en commencerai un autre.
Je viens de mettre en ligne le diaporama d'une sélection de mes photos au cours de ces six semaines à New York. Un panaché, en attendant un projet. Voir le lien ci-contre dans la rubrique "Voyages et tournage".
Ce soir mon frère joue à La Dibiteri; son groupe a maintenant un manager! Ci-dessous un clip réalisé lors de son dernier concert. Le réalisateur ne s'est pas vraiment concentré sur les musiciens mais l'ambiance est là.
lundi 28 septembre 2009
samedi 26 septembre 2009
Carroll Gardens
Avant-hier j'ai fait une autre longue promenade à Brooklyn. Ce n'est décidément pas la même échelle qu'à Manhattan; la taille des bâtiments est plus humaine, moins extravagante, il y a moins de voitures et moins de bruit, les restaurants sont moins axés vers le fast food, on rencontre plus de familles, bref c'est presque la campagne comparé à Manhattan. Entre une rive et l'autre de l'East River, ce sont deux mondes bien différents, et après six semaines de vie quotidienne dans le East Village, à mon retour je chercherai plutôt à m'installer à Brooklyn. Ci-dessous deux photos de Smith Street, une rue qui traverse plusieurs quartiers, du nord vers le sud; c'est dans le quartier de Carroll Gardens que j'aimerais trouver un logement. La première photo est axée vers le nord, plus classe, la seconde vers le sud, beaucoup plus populaire. Les photos ne sont pas prises au même endroit mais il s'agit bien de la même rue.
The diner
Il est tard, je rentre juste.
J'ai passé une nouvelle journée à cavaler dans Manhattan; ce matin j'avais rendez-vous avec un producteur français installé depuis dix ans à New York. La perspective de travailler avec lui, clairement évoquée, est la plus excitante parmi toutes celles que j'envisage à l'issue de ce séjour; à moins de trois jours de mon retour à Bordeaux, cette dernière rencontre achève d'esquisser mon chemin new-yorkais.
Ce soir en rentrant à l'appart, j'ai décidé de manger un peu, et de prendre mon temps pour cela, c'est assez rare à Manhattan. Au coin de Houston Street et de Norfolk Street, à quelques blocks de l'Avenue C, il y a ce "diner", un restaurant traditionnel américain; je suis particulièrement attentif à ces espaces ou ces objets à l'intérieur même de New York et dont l'on retrouve l'existence partout aux Etats-Unis; leur imagerie vient asseoir une Amérique intemporelle, celle que l'on voit dans les films, celle que j'aime expérimenter "en vrai", et que l'on attend pas forcément à New York alors que la profusion des ethnies et des cultures donnent plus l'impression d'une capitale internationale que d'une ville américaine.
Le restaurant est donc sur un coin de rue. C'est écrit "DINER" à l'extérieur, sur la tranche du mur, en lettres fluorescentes orange. On pénètre à l'intérieur, dans une sorte de sas, tout en verre et en aluminium brossé. Droit devant, la caisse, puis un long bar qui part dans la profondeur. A droite de l’entrée et à droite du bar, des tables le long des fenêtres, d’où l’on peut voir la rue à travers les stores.
L’ambiance est calme, les ventilateurs au plafond tournent tranquillement, la lumière est très légèrement tamisée.
Le bar est assez large, on peut s’y asseoir pour dîner, sur des sièges à dossier en faux cuir beige, perchés sur des pôles chromés fixés dans le sol. Derrière le bar il y a une multitude de machines pour faire du café, de la crème chantilly, des jus de fruits. Derrière ces machines, le mur est une mosaïque de petits carreaux oranges et marrons. A côté de ces machines se dressent de petites vitrines réfrigérées pleine de gros gâteaux, cheese cake nature, au chocolat, à la fraise. D’autres gâteaux, plus petits, sont présentés sous des cloches transparentes, à même le bar, à côté de kits individuels constitués de couverts, sel, poivre et sucre, disposés devant chaque siège.
Les serveurs sont tous hispaniques, ils portent tous pantalon noir, chemise blanche et cravate. Ils parlent espagnol entre eux. La clientèle, à cette heure de la nuit, est clairsemée. Un couple de vieux, ils portent tous les deux des bérets noirs et des Kway rouges. Un couple plus jeune, lui porte des lunettes années 50, et elle une grosse coiffure. Deux femmes assez étranges, assises devant de gigantesques part de gâteaux. Quatre jeunes latinos, peut-être un peu éméchés, sont les seuls dont on entend les éclats de voix. Même la télé, qui diffuse du catche, n’émet aucun son, mais l’on peut suivre ce qui se passe car c’est sous-titré en anglais; ce soir c’était «Punk» contre «The Undertaker». Le seul bruit régulier est celui du téléphone mural au bout du bar, près de l’entrée de la cuisine, le restaurant semble prendre de nombreuses commandes à livrer à domicile.
Lorsque l’on quitte le restaurant, le serveur vous donne le talon sur lequel il a pris la commande, on l’apporte à la caisse, tenue par la seule femme du personnel. Vingt dollars pour une grosse salade, une gigantesque part de gâteau, une bière, un ventre plein à craquer.
J’ai passé plus d’une heure dans ce «diner». Dans ce lieu, qui fonctionne vingt-quatre heures sur vingt-quatre, c’est comme si le temps s’était arrêté. C’était très agréable.
J'ai passé une nouvelle journée à cavaler dans Manhattan; ce matin j'avais rendez-vous avec un producteur français installé depuis dix ans à New York. La perspective de travailler avec lui, clairement évoquée, est la plus excitante parmi toutes celles que j'envisage à l'issue de ce séjour; à moins de trois jours de mon retour à Bordeaux, cette dernière rencontre achève d'esquisser mon chemin new-yorkais.
Ce soir en rentrant à l'appart, j'ai décidé de manger un peu, et de prendre mon temps pour cela, c'est assez rare à Manhattan. Au coin de Houston Street et de Norfolk Street, à quelques blocks de l'Avenue C, il y a ce "diner", un restaurant traditionnel américain; je suis particulièrement attentif à ces espaces ou ces objets à l'intérieur même de New York et dont l'on retrouve l'existence partout aux Etats-Unis; leur imagerie vient asseoir une Amérique intemporelle, celle que l'on voit dans les films, celle que j'aime expérimenter "en vrai", et que l'on attend pas forcément à New York alors que la profusion des ethnies et des cultures donnent plus l'impression d'une capitale internationale que d'une ville américaine.
Le restaurant est donc sur un coin de rue. C'est écrit "DINER" à l'extérieur, sur la tranche du mur, en lettres fluorescentes orange. On pénètre à l'intérieur, dans une sorte de sas, tout en verre et en aluminium brossé. Droit devant, la caisse, puis un long bar qui part dans la profondeur. A droite de l’entrée et à droite du bar, des tables le long des fenêtres, d’où l’on peut voir la rue à travers les stores.
L’ambiance est calme, les ventilateurs au plafond tournent tranquillement, la lumière est très légèrement tamisée.
Le bar est assez large, on peut s’y asseoir pour dîner, sur des sièges à dossier en faux cuir beige, perchés sur des pôles chromés fixés dans le sol. Derrière le bar il y a une multitude de machines pour faire du café, de la crème chantilly, des jus de fruits. Derrière ces machines, le mur est une mosaïque de petits carreaux oranges et marrons. A côté de ces machines se dressent de petites vitrines réfrigérées pleine de gros gâteaux, cheese cake nature, au chocolat, à la fraise. D’autres gâteaux, plus petits, sont présentés sous des cloches transparentes, à même le bar, à côté de kits individuels constitués de couverts, sel, poivre et sucre, disposés devant chaque siège.
Les serveurs sont tous hispaniques, ils portent tous pantalon noir, chemise blanche et cravate. Ils parlent espagnol entre eux. La clientèle, à cette heure de la nuit, est clairsemée. Un couple de vieux, ils portent tous les deux des bérets noirs et des Kway rouges. Un couple plus jeune, lui porte des lunettes années 50, et elle une grosse coiffure. Deux femmes assez étranges, assises devant de gigantesques part de gâteaux. Quatre jeunes latinos, peut-être un peu éméchés, sont les seuls dont on entend les éclats de voix. Même la télé, qui diffuse du catche, n’émet aucun son, mais l’on peut suivre ce qui se passe car c’est sous-titré en anglais; ce soir c’était «Punk» contre «The Undertaker». Le seul bruit régulier est celui du téléphone mural au bout du bar, près de l’entrée de la cuisine, le restaurant semble prendre de nombreuses commandes à livrer à domicile.
Lorsque l’on quitte le restaurant, le serveur vous donne le talon sur lequel il a pris la commande, on l’apporte à la caisse, tenue par la seule femme du personnel. Vingt dollars pour une grosse salade, une gigantesque part de gâteau, une bière, un ventre plein à craquer.
J’ai passé plus d’une heure dans ce «diner». Dans ce lieu, qui fonctionne vingt-quatre heures sur vingt-quatre, c’est comme si le temps s’était arrêté. C’était très agréable.
lundi 21 septembre 2009
Sur les traces de Dennis Adams
Dennis Adams, que j'avais rencontré avant d'arriver à New York, est en train de terminer le montage de son film pour Evento, la biennale de création urbaine dont le coup d'envoi est prévu le 9 octobre à Bordeaux. Samedi j'ai passé une bonne partie de la journée chez lui pour corriger la traduction française de la voix off; cette traduction sera utilisée pour sous-titrer le film lors de sa diffusion en France.
A la fin de la journée il m'a offert un livre magnifique, relié à la main dans un atelier en Italie, dont il ne reste que quelques exemplaires dans le monde. Le livre est la publication de l'une de ses œuvres; en 1997, Dennis et Laurent Malone marchent sans interruption de Downtown Manhattan jusqu'à l'aéroport de JFK, en passant par Williamsburg Bridge. Ils suivent l'itinéraire le plus direct possible, à travers quartiers, voies rapides et cimetières. Onze heures trente de marche au total. Dennis et Laurent avaient convenu de partager un seul et même appareil photo 35mm, pour réaliser un nombre indéterminé de clichés, se complétant par paires. A tout moment de la marche, chacun était libre de prendre la photo de son choix, passant ensuite l'appareil à l'autre, qui prenait alors une seconde photo dans la direction diamétralement opposée, sans tenir compte de sujet, du cadrage, ni régler le diaph ou faire la mise ou point. Le livre regroupe ainsi 243 paires de photos, dans l'ordre où elles ont été prises.
Les photos furent exposées à Beaubourg, au MoMA, et dans biens d'autres lieux.
Hier dimanche, le ciel était totalement dégagé, la lumière claire et contrastée. J'ai fait une longue marche de près de deux heures, et me suis inspiré du travail de Dennis. Je suis parti du même lieu à Manhattan, j'ai traversé le Williamsburg Bridge, ensuite j'ai pris un autre chemin, montant vers le nord de Brooklyn, en prenant Driggs Avenue, puis Manhattan Avenue. Le point d'arrivée était la station de métro Greenpoint Avenue, où j'ai appelé mon ami Emile qui habite dans ce quartier.
C'était ma première sortie de Manhattan depuis que je me suis installé dans cet appartement du East Village. Je ne m'étais d'ailleurs pas aperçu que je venais de passer trois semaines sur l'île.
J'ai donc fait des photos tout au long de cette marche, en gardant la même focale, et le même axe, c'est à dire ce que j'avais droit devant moi. Je ne suis pas du tout sûr que le résultat ait un quelconque intérêt mais c'était super de faire cette expérience. C'était particulièrement agréable de prendre des photos en suivant un principe simple, sans la contrainte de la recherche d'un cadre ou d'un sujet.
Voici le lien pour visionner ces photos.
Et voici l'une des premières photos du livre de Dennis (c'est une photo de la photo), j'ai commencé là ma propre marche, à l'angle de Delancey Sreet et de Ludlow Street.
Dans les articles précédents, d'autres photos prises au cours de la journée d'hier.
A la fin de la journée il m'a offert un livre magnifique, relié à la main dans un atelier en Italie, dont il ne reste que quelques exemplaires dans le monde. Le livre est la publication de l'une de ses œuvres; en 1997, Dennis et Laurent Malone marchent sans interruption de Downtown Manhattan jusqu'à l'aéroport de JFK, en passant par Williamsburg Bridge. Ils suivent l'itinéraire le plus direct possible, à travers quartiers, voies rapides et cimetières. Onze heures trente de marche au total. Dennis et Laurent avaient convenu de partager un seul et même appareil photo 35mm, pour réaliser un nombre indéterminé de clichés, se complétant par paires. A tout moment de la marche, chacun était libre de prendre la photo de son choix, passant ensuite l'appareil à l'autre, qui prenait alors une seconde photo dans la direction diamétralement opposée, sans tenir compte de sujet, du cadrage, ni régler le diaph ou faire la mise ou point. Le livre regroupe ainsi 243 paires de photos, dans l'ordre où elles ont été prises.
Les photos furent exposées à Beaubourg, au MoMA, et dans biens d'autres lieux.
Hier dimanche, le ciel était totalement dégagé, la lumière claire et contrastée. J'ai fait une longue marche de près de deux heures, et me suis inspiré du travail de Dennis. Je suis parti du même lieu à Manhattan, j'ai traversé le Williamsburg Bridge, ensuite j'ai pris un autre chemin, montant vers le nord de Brooklyn, en prenant Driggs Avenue, puis Manhattan Avenue. Le point d'arrivée était la station de métro Greenpoint Avenue, où j'ai appelé mon ami Emile qui habite dans ce quartier.
C'était ma première sortie de Manhattan depuis que je me suis installé dans cet appartement du East Village. Je ne m'étais d'ailleurs pas aperçu que je venais de passer trois semaines sur l'île.
J'ai donc fait des photos tout au long de cette marche, en gardant la même focale, et le même axe, c'est à dire ce que j'avais droit devant moi. Je ne suis pas du tout sûr que le résultat ait un quelconque intérêt mais c'était super de faire cette expérience. C'était particulièrement agréable de prendre des photos en suivant un principe simple, sans la contrainte de la recherche d'un cadre ou d'un sujet.
Voici le lien pour visionner ces photos.
Et voici l'une des premières photos du livre de Dennis (c'est une photo de la photo), j'ai commencé là ma propre marche, à l'angle de Delancey Sreet et de Ludlow Street.
Dans les articles précédents, d'autres photos prises au cours de la journée d'hier.
dimanche 20 septembre 2009
vendredi 18 septembre 2009
Ronnie Foster - Mystic Brew
Quel morceau! Ça date du début des années 70. Samplé 20 ans plus tard par A Tribe Called Quest, avec Electric Relaxation, j'avais publié le clip l'an dernier. Avec la découverte, il y a trois semaines, du groupe Nice and Smooth — et j'ai croisé l'un des chanteurs mardi dans un parking — un projet sur le Hip-Hop new-yorkais se dessine. Je vais essayer d'aller voir Q-Tip, l'ancien leader d'ATCQ, il anime des soirées à partir de ce vendredi à la Santos Party House, c'est pas loin.
jeudi 17 septembre 2009
Julian Casablancas - The Strokes
Julian Casablancas, l'un des chanteurs de ce morceau, est le leader du groupe The Strokes. Il prépare actuellement son prochain album, en solo cette fois. Ce soir il est à nouveau chez moi, il passe régulièrement pour travailler avec mon coloc, graphiste et réalisateur de clips. Ils sont en train de créer la pochette de l'album, dont la sortie est prévue le 20 octobre.
Du coup j'écoute sa musique.
Il y ce morceau des Strokes que j'aime beaucoup, dont l'intégration sur les sites est désactivée, The end has no end.
Et voici le premier clip du groupe réalisé mon coloc, Warren:
Inscription à :
Articles (Atom)