mercredi 16 janvier 2008

Barack Obama, à 9 mois de la présidentielle

Je suis en train de regarder une nouvelle émission consacrée aux primaires américaines, dont je suis les rebondissements avec une attention particulière depuis mon séjour aux Etats-Unis.
Pour ceux qui ne seraient pas au courant, depuis quelques semaines Obama est remonté au niveau d'Hillary Clinton dans les chances d'emporter l'investiture du camp démocrate. En écoutant les commentaires, je me replonge dans mon voyage, et certains souvenirs de choses que j'avais pu observer ressurgissent.
Quelques chiffres: depuis vingt ans, seuls deux noms ont occupé le siège de la Maison Blanche, Bush et Clinton (Bush père de 1988 à 1992, Bill Clinton de 1992 à 2000, Bush fils depuis 2000). Ainsi les jeunes électeurs, dont la proportion est beaucoup plus élevée qu'en France, n'ont connus que ces deux noms à la tête de leur pays. Face à Hillary Clinton, Obama sur ce point semble avoir toutes les chances d'incarner le changement auquel les américains aspirent après Bush. Et le premier souvenir c'est ce meeting d'Obama à New York auquel je m'étais rendu en septembre, j'avais été très impressionné par l'écrasante majorité des moins de 35 ans présents dans la foule.
La remontée d'Obama s'est confirmée avec sa victoire dans la première primaire, celle de l'Iowa, un Etat dont la population est majoritairement blanche. Là aussi j'avais été surpris, après avoir traversé cet Etat agricole, aux petites villes affichant partout la bannière étoilée et des slogans patriotiques, de trouver dans la bourgade de Muscatine, située au bord du Mississipi et à la frontière du Nebraska, une permanence très active préparant la campagne d'Obama.
Mon amie Bunny à New York me disait cette semaine par mail qu'elle se moque de savoir qui de Clinton ou d'Obama va remporter les primaires chez les démocrates, l'important pour elle c'est de voir tomber les républicains. Je me demande pourtant si Obama n'est pas une chance plus grande pour le pays. Il ne s'agit pas de ses orientations politiques, elles ne sont pas très éloignées de celles d'Hillary Clinton, il s'agit du symbole qu'il représente.
Cet homme de 46 ans, qui n'est pas porteur de l'histoire de l'esclavage (son père est kenyan, sa mère est du Kansas) mais qui n'en reste pas moins un noir, est un exemple extraordinaire du multiculturalisme américain, dont je n'avais d'ailleurs pas saisi l'ampleur et la richesse avant de me rendre sur place.
Je me souviens aussi avoir croisé pas mal de gens qui me disaient avoir maintenant honte d'être américains. Obama représente peut-être ceux qui aujourd'hui assument cette Amérique diverse et complexe, plus sociale et moins impérialiste, et son élection serait en soi une évolution déterminante.
A neuf mois de la présidentielle, face à Clinton campée sur le thème de son expérience, face aux républicains plombés par l'héritage de Bush et la crise économique, il semble bien que Barack Obama soit le candidat d'un nouveau rêve américain.
La prochaine primaire c'est samedi dans le Nevada. Apparemment le syndicat majoritaire des industries du tourisme de Las Vegas a appelé à voter pour Obama.
Site Officiel Obama'08
A consulter également le blog de la correspondante du "Monde" aux USA depuis 2002, Big Picture

Je me dis ce soir que je retournerais bien aux Etats-Unis en novembre, au moment de l'élection finale. Cette fois je pourrais peut-être y faire un film, un an après le voyage qui a transformé l'image que j'avais de l'Amérique, à un moment où le pays sera peut-être en train de basculer dans une nouvelle page de son histoire.

"Obama's got charisma and Hillary's got the blues..."!

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