mercredi 10 décembre 2008

Going up north

Je suis à Alamogordo, au sud-ouest du Nouveau-Mexique, je me réveille au Satellite Inn. Le ciel est à nouveau d'un bleu intense, mais il fait très froid.
Arrivé à El Paso lundi soir avec Bernadetta, nous avons donc traversé la frontière du Mexique. C'est Antonio, un employé de l'hôtel, qui nous a escorté. Nico, l'amie de Bernadetta, et Niall, un autre voyageur, sont venus aussi. Nous formions un groupe pour le moins disparate.
Antonio est un type du Kansas, il travaille et vit au Gardener Hotel d'El Paso depuis 15 ans. De père mexicain, il ne pouvait demeurer trop loin de son pays d'origine. Il sort avec une gogo danseuse d'un bar de Ciudad Juarez, la ville côté Mexique. Il nous a montré une photo, elle doit avoir 20 ans de moins que lui. Nous ne serions pas passé de l'autre côté de la frontière sans Antonio, tous les américains que j'ai rencontré déconseillent vivement l'expérience. Il faut payer 30 cents quand on traverse la frontière à pied. Pas de contrôle des papiers pour entrer au Mexique. On traverse ensuite une longue passerelle grillagée qui passe au dessus du Rio Grande, ici un filet d'eau au fond d'un canal bétonné. Et on plonge ensuite dans un autre monde, après seulement quelques mètres. L'architecture est différente, la route est défoncée, les voitures d'un autre âge, il y a moins de lumière.
Nous sommes restés sur l'avenue principale située après le poste frontière, même pour Antonio c'est trop dangereux de s'en écarter. On a bu quelques coups, j'ai acheté des cigarettes, et on est rentrés. Au retour, le contrôle des papiers par les américains est très minutieux.
Hier matin j'ai quitté mes compagnons d'un soir. Bernadetta et Nico sont reparties pour leur tour du monde. Elles vivent à Londres, sont arrivées au Etats-Unis en octobre. Depuis Miami, elles gagneront l'Argentine, puis la Bolivie, le Chili, la Nouvelle Zélande, l'Australie, la Malaisie, et enfin Hong-Kong. Leur périple m'a laissé songeur.
Niall, un jeune mec du Connecticut, venait de quitter sa famille et son université pour monter une ferme écologique au fin fond du Mexique. Il ne comprenait pas notre intérêt pour les Etats-Unis; "America sucks!". Il ne croit pas du tout au changement annoncé par l'arrivée d'Obama.
Je dois dire que depuis trois jours je rencontre pas mal de gens qui sont pessimistes sur l'avenir du pays, et sceptiques au sujet du futur président. Daniel, un vieux routard rencontré à Tucson me disait qu'Obama ne pourrait pas s'en sortir, parce que l'establishment blanc lui mettrait des bâtons dans les roues. Shay la serveuse de Lordsburg se foutait de la vie politique. Niall ne comprenait pas vraiment quelle était la nature du changement mis en avant par Obama. Je lui ai dit qu'il sagissait d'une politique beaucoup plus sociale, d'une remise en cause du capitalisme sauvage et de l'individualisme, et d'une politique internationale basée sur la diplomatie, la fin sans doute de l'impérialisme américain. Il était ravi d'entendre tout cela, mais n'attendait qu'une chose, quitter l'Amérique!
Hier après-midi la découverte du White Sands Desert m'a sorti quelques heures de toutes ces considérations. C'est un océan de dunes blanches immaculées, sur une bande de 400 km carré, dans le bassin de Tularosa. Exceptionnel. Le vent, le froid, la lumière aveuglante, l'absence de repères au sein des dunes, tout cela était déroutant à plus d'un titre; au bout de deux heures de marche, impossible de retrouver le chemin vers la voiture. J'ai pourtant un bon sens de l'orientation, j'avais pris des repères avec des points à l'horizon. Mais l'horizon ici c'est tellement loin. J'ai tout de même fini par retrouver une des pistes au milieu des dunes pour retrouver celle au bout de laquelle je m'étais garé.
Dans quelques instants je reprend la route vers le Nord, en direction de Santa Fe.

1 commentaire:

Sophie a dit…

c'était bien Jerry tout seul?!!